
La bataille pour l’indépendance d’Haïti a été le théâtre d’âpres luttes qui ont forcé les français à capituler. Ainsi, une série de mouvements violents, les uns plus atypiques que déstabilisants que les autres, était envisagée pour mener à bien ce projet grandeur-nature. Il y a eu empoisonnement des sources, le fameux “koupe tèt boule kay, autant de stratagèmes qui participaient à ce qui a causé la déroute de l’armée de Napoléon Bonaparte qui a dû, après la bataille de Vertières se désengager définitivement de l’île. Peut-on le rééditer aujourd’hui avec les mêmes armes, les mêmes prétextes, la même forme et le même fond?
Depuis plus d’un an, l’opposition haïtienne s’est chargée, non sans peine, de battre le pavé pour déloger le Président élu de la République – et pour y arriver, se disait-elle tous les coups sont permis, quitte à asphyxier toute une population déjà besogneuse, pourvu que ça serve à sa lutte, pourvu que ça serve à affaiblir l’État et pourvu que ça serve à mettre tout le monde dos à dos. Ainsi, elle y allait de manifestations violentes, de sédition, à de guérilla armée et de peyilòk.
Et qui sont les véritables victimes de peyilòk?
La population sans plus ni moins, dirait-on. Puisque les enfants des riches prennent tous des cours à domicile et les nôtres sont forcés de prolonger leurs vacances ennuyeuses. Déjà 6 mois sans le moindre pain d’instruction et la malveillance politique leur fait savoir que leur avenir est derrière les barricades. Certains y croient malheureusement, ils se tiennent derrière pour rançonner, violer et parfois tuer leurs semblables qui tentent, soit de les traverser, en parlant de population civile, soit de les enlever, en parlant des policiers nationaux. Cela répond à un mot d’ordre clair et précis émanant des responsables de l’opposition faisant du dualisme barricade et embuscade une arme létale qui n’épargne personne, pas même les teneurs des barricades.
L’avenir n’est nullement derrière les barricades – au contraire – il fond derrière elles. Parce que celles-ci sont un frein à la libre circulation et au commerce de toutes sortes. Demandez à nos paysans ce que leur coûte le peyilòk et vous comprendrez que cela les décapitalise à contrario.
La culture de bananes à l’Arcahaie souffre des affres de ces mouvements violents et condamne ces cultivateurs à la mendicité certaine. Tandis que les marchands de légumes voient le fruit de leur labeur pourrir dans leurs dépôts.
Certaines entreprises compressent déjà leurs personnels et renvoient à la maison des hommes et des femmes qui comptaient sur leur boulot pour se tirer d’affaires. Mais l’opposition politique ne le verra jamais sous cet angle, parce qu’elle est obsédée par le départ du président de la République au point d’en faire une véritable fixation, sans penser aux effets pervers de leurs baves violentes et de certaines alliances contre-nature responsables de l’assassinat de plusieurs policiers nationaux, des membres de la population civile et du viol de plusieurs femmes.
A quoi ces barricades nous servent, si ce n’est à rendre encore plus dangereuses nos rues sales, exhalant l’odeur fétide de la mort et desquelles nous sommes tous des victimes expiatoires? Des victimes prises en otage par la rancune et l’orgueil des politiciens refusant d’abdiquer après l’échec patent des dizaines de manifestations sur fond de guerre civile.
KéDar, Novembre 2019