
Le chef de l’opposition bolivienne mû d’un leadership légendaire, a obtenu la démission du président Evo Morales, bien entendu après avoir conduit, de main de maître, une insurrection populaire dont il avait le contrôle du début à la fin. Car, au lendemain de la démission du président bolivien – comme un vértable leader, il a invité la population à regagner tranquillement ses pénates. Chose dite, chose faite.
En Haïti, cependant, nos leaders ont perdu les pédales, car après avoir invité la population à mettre la République sens dessus dessous pour obtenir le départ du président élu, en l’occurrence Son Excellence Monsieur Jovenel Moïse, ils crient à l’infiltration quand ils ne peuvent rien contrôler et quand la terre semble se dérober à leurs pieds. Ils crient à l’infiltration quand bandits armés mélangés à la population civile, sous leurs ordres et relayés par Zenith FM, tirent à balles réelles sur des policiers nationaux ne demandant qu’à faire leur travail pour lequel ils sont maigrement rénumérés.
Aujourd’hui, l’opposition politique hétéroclite et sans véritable leadership fait montre d’une nonchalance qui n’a d’égale que son arrogance drappée dans la honte, l’incertitude et son incapacité à renverser l’actuel régime. S’il est vrai qu’elle a conduit au pourrissement de la situation politique depuis dix-huit mois, mais force est de d’admettre qu’elle n’a pas les moyens de sa politique et qu’elle ne peut pas, par conséquent, forcer le Chef de l’Etat à la démission.
Aussi, les appels à gérer les barricades, fusils d’assaut en bandoulière sont le symbole de son impuissance et d’une perte de confiance manifeste. Ainsi fait, les membres de la population exaspérés par cette situation délétère et qui, de plus en plus, se voient être victimes de séquestre, s’impatientent et souhaitent voir le déblocage des rues pour pouvoir vaquer, comme avant le peyilòk, à ses occupations quotidiennes et les élèves – eux – voient leur éducation mener comme un jeu de poker aux mains des politiciens malveillants faisant tout pour faire perdurer cet état de délabrement dans lequel la population se sent aujourd’hui de plus en plus inconfortable, mais comme ils vivent de crises – impossible de leur demander de s’en démordre, car arrogance, orgueil, vengeance et surtout rentrées d’argent leur commandent de ne pas lâcher prise. Mais oublient-ils déjà que la violence ne peut engendrer que la violence et que leur rhétorique aura prise sur les générations à venir – parce que – de toute façon, il restera des séquelles que même le temps ne pourra guérir si facilement, parce que la violence armée est comme le colimaçon qui, où qu’elle passe, laisse toujours ses traces.
KéDar, Novembre 2019