Accueil Éditorial Le SPNH, mauvais élève et donc mauvais présage

Le SPNH, mauvais élève et donc mauvais présage

Coups de feu à profusion, intimidation, violences caractérisées, bagarres entre potes flics, voilà à quoi ressemblait la démonstration de force des policiers haïtiens pour forcer la hiérarchie à reconnaître le syndicat de la Police Nationale d’Haïti, comme quoi tout se résout dans la violence exacerbée et exit le respect de la hiérarchie et de leurs frères d’armes qui veillaient au grain, mais ignoraient-ils qu’un zeste de respect ne nuit pas aux rapports, qu’ils soient humains ou de police.

Habituée à jouer les pompiers, la police ne devrait pas jouer aux trouble-fêtes. Elle peut toujours faire entendre ses revendications, mais de là à voir des policiers s’affronter entre eux relève de la science-fiction et les voir mettre le feu aux stands carnavalesques est tout simplement apocalyptique.

Les agents de la force publique ne peuvent pas et doivent pas agir comme le commun des mortels. Ils ne sont pas le commun des mortels, ils ne sont pas de l’opposition non plus. Ils sont des policiers à qui il incombe la mission de garantir l’ordre et la paix publique. Certes, leurs revendications sont justes, mais la manière de procéder est d’un stoïcisme brutal, voire austère et devrait nous renseigner sur le niveau de violence qui émaille notre société. Ils nous ont gratifié d’une scène surréaliste où s’affrontaient esclaves et défenseurs du système. Si c’est ça le SPNH, on est plutôt mal barré, par le simple fait que nos policiers nationaux ne maîtrisent pas encore les notions syndicales. Ils confondent piteusement droit et devoir et se tirent déjà une balle dans le pied.

Nos policiers sont des spécialistes en ce qui concerne la gestion des foules surexcitées, ils savent comment les contenir. Ils le font avec zèle, réalisme et professionnalisme. Nous en sommes témoins à plusieurs reprises et plus particulièrement lors des manifestations de Novembre dernier – mais bizarrement – ils ne savent pas comment contrôler leurs nerfs à eux. Leur perte de contrôle provoquera une hécatombe et les victimes, ce ne seront pas seulement les autres – mais eux y compris et tout le monde avec. Il faut cesser de faire le jeu des autres qui se cherchent une raison pour tout foutre en l’air et pour les mettre dos à dos avec d’autres frères d’armes qui auront choisi d’aller travailler.

Leur mouvement armé de l’autre jour ressemble plutôt aux rififis des groupes terroristes ou des rebelles des pays en guerre comme la Libye, l’Afghanistan ou l’Irak. Ils ont manifesté violemment comme le faisaient les membres de l’opposition. C’est horrible, inquiétant et pas du tout rassurant pour le devenir de la nation, déjà à la merci des faiseurs de pays-lock qui n’attendent qu’une infime brèche pour reprendre le flambeau de la mobilisation anti gouvernementale.

Il faut reconnaître toutefois que les mauvaises choses ont la vie dure et peuvent relancer l’appétit gourmand des opposants au pouvoir. Déjà, ce mouvement leur servira de prétexte pour occuper à nouveau le pavé et nous imposer leurs lois, comme ils ont l’habitude de le faire. Ils vont maintenant monopoliser les antennes de toutes les stations de télé ou de radio pour mobiliser leurs sympathisants aux fins de pays-lock. Ils vont commencer à intoxiquer l’opinion avec des trucs déstabilisants, comme pour nous forcer à rester à la maison. C’est leur fort, mais c’est notre faiblesse, aussi devons-nous montrer inébranlables et stoïques. La violence ne fera pas l’affaire du SPNH et de la PNH non plus. Elle détruira au contraire le socle sociétal et nous mettra constamment en danger contre nous-mêmes, nos errements et notre déroute.

Je souhaite que la PNH ait son syndicat à elle, mais j’ai bien peur qu’elle ne devienne un parti politique comme tous les autres qui se font aujourd’hui passer pour des thermomètres, en sorte qu’ils gardent un certain contrôle sur le levier de la politique. Ainsi fait, on ne parlera que de la Police Nationale d’Haïti au passé, car elle aura connu le même sort que la défunte armée d’Haïti.

KeDar, Février 2020

Partager

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.