
Le peyilòk est une activité terroriste – sans plus ni moins. Il est à la base de la prolifération des gangs armés, quoiqu’en pensent les artisans de la pensée unique, parce que cela menace la paix publique, détruit nos quartiers, terrorise les citoyens. Il utilise donc la violence pour atteindre un but politique: attentats, destructions, prises d’otages entre autres.
Avant les manifestations violentes qui ont conduit au peyilòk, la vie dans les villes haïtiennes n’était pas fameuse, le dollar culminait à 94%, le panier de la ménagère était déjà difficile à remplir, parce que nos 1000 gourdes ne valaient plus rien, pas même 100 gourdes, il y a 15 ans. De plus, l’agriculture moribonde était délaissée pour les taxis-motos et pour la vente de sachets d’eau, les parents ne pouvaient pas joindre les deux bouts, parce que les frais scolaires ne cessaient de grimper, le chômage n’était jamais aussi préoccupant et l’insécurité dans nos rues donnait déjà des sueurs froides, parce que chaque jour apportait son lot de victimes: policiers, commerçants et membres de la population civile assassinés pour le plaisir et pour le fric.
Aujourd’hui, après le peyilòk, nous avons une autre copie du panorama politique haïtien et croyez-moi – ce n’est pas la joie – parce que les dommages collatéraux de ce mouvement violent frisant le terrorisme sentent la mort: la mort des activités économiques, la mort de notre train de vie, la mort du semblant de bien-être, la mort de nos petites promenades, la mort des activités culturelles. Les bandes armées, à la faveur du peyilok, s’immiscent même dans nos quotidiens, au point que nous sommes tenus à faire des plans à chacune de nos sorties et rentrées. Nos enfants ne peuvent plus jouer comme ils en avaient l’habitude, la peur les guette et les précautions se multiplient, puisque les bandits armés n’ont jamais été aussi présents – en plus – débordés de confiance, ils menacent, volent, violent, kidnappent et tuent pour la plaisir des politiciens avides de pouvoir et d’une certaine presse scélérate qui les encouragent dans cette voie.
À chaque quartier de la capitale, son ou ses gangs armés luttant pour se partager la zone. À chaque quartier, des tunnels de la mort imposés par des bandits armés qui – à visière levée – opèrent sans la moindre inquiétude et qui, comme une pendule, régulent la vie dans la cité.
Ne parlons plus aujourd’hui des zones de non-droit. Parlons plutôt de villes de non-droit, de capitale de non-droit, de port-aux-risques, de port-aux-crimes et de port-aux-caïds que la politique et la bourgeoisie ont façonné à leurs manières pour le plaisir et pour le fric.
La vie s’arrête déjà, nos enfants ne dépasseront pas 20 ans, ils seront, soit embrigadés, soit assassinés, soit obligés de fuir, mais pour aller où? Parce que toutes nos villes sont la coupe réglées de ces énergumènes couvés par la politique, maternés par la bourgeoisie et protégés par les organisme de défense des droits de l’homme.
Leur seule faute est d’avoir vécu à l’époque des cathédrales, l’époque des vicaires présidents, l’époque des rats destructeurs, l’époque du micmac politique, l’époque des parlementaires bipolaires et l’époque des parlementaires sans honorabilité aucune.
Des soucis à nous faire? Sans le moindre doute, parce que par nos soins, Haïti est déconstruite, déconfite, livrée à la merci des gangsters de tout poil et par nos soins, Port-au-Prince n’est plus Port-au-Prince et nous des spectateurs tolérants, attentistes et donc inactifs Pensez-y !
KeDar, Décembre 2019