
Il n’y a pas pur chrétien qu’un païen repenti, les protestants savent de quoi l’on parle. Les semaines d’échauffourées politiques, loin d’affaiblir Nèg bannan n nan, l’ont plutôt grandi et lui ont fait gagner des guerres que l’on croyait perdues. Youri Latortue et sa bande y croyaient et sublimaient de grande joie à l’idée de pousser le Chef de l’Etat à la démission. André Michel, lui, n’ayant plus de mot pour le qualifier, trimballait dans tous les médias, sa cymbale assourdissante qui nous dévore les tympans…mais savait-il que les tempêtes font seulement plier le roseau qui se redresse à la fin?
Les 2 ans du Président Moïse au pouvoir sont ponctués d’erreurs conséquemment à une série de choix erronés et de promesses mirobolantes non tenues. En plus, pensait-on, le pouvoir devrait supprimer les avantages accordés à des membres de la bourgeoisie et aux parlementaires qui ne foutent rien. Ces derniers, assujettis au devoir de veiller au bon fonctionnement des appareils étatiques et au strict respect de la constitution se sont plutôt invités à tous les ministères et organismes autonomes de l’État à la recherche de facilités.
Ce sont, d’ailleurs eux qui placent les ministres et directeurs généraux pour leur convenance et qu’est-ce-que cela a donné plus de deux années plus tard? Rien et ne parlons pas de projets de lois qui pourrissent dans des tiroirs crasseux au Parlement haïtien, faute de temps et de quorum. Et puis, cela a-t-il empêché au Sénateur Latortue et consorts d’allumer le flambeau de la mobilisation? Pas le moins du monde.
Pour rappel, le Sénateur Youri Latortue a la mainmise sur l’ONA, Saurel Jacynthe contrôle l’APN, la SONAPI et le ministère du commerce et de l’industrie, Reynold Deeb et Rony Célestin gardent la main sur l’AGD et le contrat de mazout, tandis que Gary Bodeau et encore Rony Célestin se sont emparés du BMPAD.
Rendez-moi fou ou sage, comment un pays peut-il survivre à la gourmandise de nos parlementaires et à la voracité du secteur privé des affaires? Pour que le « ti rès la » puisse revenir vraiment à la rescousse de la population, au dire du Président de la République, il faudra avoir le courage de casser tous ces privilèges offerts à ceux qui ont déjà tout. Il faudra que les parlementaires réapprennent les rudiments de leurs fonctions et commencent à s’acquitter du boulot pour lequel ils sont grassement payés, en s’attelant exclusivement à leur pouvoir de contrôle et de légifération, seul capable de mettre les points sur les « i » et de favoriser l’émergence de la justice sociale et de l’espoir.
Le Chef de l’Etat a péché en ne faisant qu’à sa tête et en ne s’entourant que de personnes pauvres d’esprits et donc incapables de faire atterrir ses promesses de campagne. Les turbulences politiques de juillet 2018 et de toutes celles qui ont conduit au peyilòk sont nées de son entêtement et de sa très mauvaise lecture de la situation, s’étant délitée à la faveur de violentes manifestations.
La reprise de la centrale des Varreux à la Sogener et la distribution aux directions départementales des matériels lourds pour le curage des canaux d’irrigation et la production d’asphalte devaient être le rameau d’olivier tendu par le Président de la République aux membres et chefs de partis politiques de l’opposition réclamant violemment son départ. Mais toujours-est-il que jovenelophobie oblige, ces forces antagoniques ne décolèrent pas et annoncent déjà un calendrier de mobilisation allant du 23 Décembre 2019 au 1er Janvier 2020. Reste à savoir si ce nouveau calendrier tiendra la route compte tenu d’un possible retournement de situation, car, une grosse frange de la population commence à déceler la bonne volonté du chef de l’Etat et la mauvaise foi de ses adversaires politiques.
Nous souhaitons vivement que ce fameux « ti rès la » aient de beaux jours devant lui et puissent répondre aux desiderata de la population que les crises politiques et les mobilisations creuses et stériles condamnent déjà à la pauvreté certaine.
KeDar, Décembre 2019