
Quand les soldats ont emmené Jésus chez Caïphe, la plupart des apôtres s’étaient déjà enfuis. Mais deux apôtres l’ont suivi avec la foule. Pierre était l’un d’eux. Alors une servante lui a dit : “Je te connais ! Tu étais avec Jésus !” Pierre a répondu : “Ce n’est pas vrai, je n’étais pas avec lui ! Je ne sais même pas de quoi tu parles !”
Dans la vie, il est important que l’on s’en tient à l’essentiel, à ce qui est potable, pudique et utile. Il est aussi important de bien jouer sa partition sans débordement, sans excès de zèle et sans une volonté manifeste de montrer aux autres que l’on peut toujours franchir l’interdit, parce qu’on ne connaît pas la peur ou parce que les autres resteront toujours avec leurs épaules rabattues et sans réaction aucune. On ne dit pas tout ce que l’on veut non plus, parce que les mots, c’est comme une balle de revolver qui, une fois partie du canon, suivra invariablement sa course. Rien ne peut l’arrêter, pas même le vent. Priez seulement pour qu’elle n’atteigne pas la cible.
L’ancien député de Delmas, dans un élan de bravoure dont il a perdu le contrôle, s’est fendu des déclarations incendiaires qu’il doit regretter aujourd’hui, parce qu’il oublie qu’une balle de revolver ne fera jamais demi-tour, soit elle atteint la cible, soit elle la rate. Le mieux serait de ne jamais appuyer sur la détente, ou mieux encore de ne jamais proférer des menaces ouvertes sur des institutions étatiques, privées et sur l’ambassade américaine. Car, les divagations qui vont suivre ne pourront jamais rectifier le tir. Il aura toujours l’occasion de se chercher des échappatoires, mais le vin est tiré, il faut le boire. Seuls les plus faibles d’esprits pourront prêter foi à ces digressions confuses qui tentent vainement de faire revenir la balle au canon du revolver. “Ah si jeunesse savait, si vieillesse pouvait, rien ne se perdrait”.
Aujourd’hui, la fausse bravoure d’Arnel se paie cash, parce qu’il se retrouve seul au monde: sans ses potes de la troisième voie (MTV), sans ses amis de l’opposition radicale et sans les journalistes, fans de la violence, qui le poussaient toujours au bout. Tous l’ont lâché sans plus ni moins. Mais comment lui expliquer que l’excès en tout nuit et que les exagérations ne profitent jamais à quiconque s’y adonne?
Certainement, il gagnera que ses fans le mettront volontiers sur un piédestal, mais duquel il redescendra bien rapidement quand ils auront eu vent de ses post-déclarations acrobatiques pour se défendre. La défense est un droit sacré, on vous comprend parfaitement bien cher Arnel. Défendez-vous autant que vous le pouvez, même quand les fusils, armes de poing et munitions nous font penser à la préparation d’une vaste opération qui devra faire beaucoup de victimes dans les rangs des forces de l’ordre ou dans les rangs de la population civile, parce qu’on a besoin des morts pour allumer le flambeau de la mobilisation, on a besoin des morts pour les mettre sur le dos de la police et donc acculer le gouvernement des tueries dont il n’a aucune idée. On a toujours besoin de ces morts pour être plus enragés, plus intrépides et pour se trouver une raison pour continuer la lutte, parce que les morts nous mettent plus de mots à la bouche.
Rappelez-vous seulement que “le Karma est comme un bilan comptable, il peut être positif ou négatif, suivant les actions posées au cours votre existence”, dixit une certaine Mireille Bertrand Lhérisson.
KéDar, décembre 2019
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